Quelle est l’origine du signe @ ? publié par Le Point – Toute l’info en continu le
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C’est le signe indispensable pour envoyer un e-mail. L’arobase, que les Italiens surnomment « escargot » quand les Néerlandais parlent de « queue de singe », fait partie du quotidien de tout internaute. Pourtant, les @ existaient bien avant l’ère numérique. Selon certains, il faut remonter jusqu’au Moyen Âge pour arriver à son origine.
L’hypothèse la plus répandue veut que ce soit les moines copistes médiévaux qui l’utilisent pour la première fois. Avant que Gutenberg invente l’imprimerie moderne, les religieux chargés de recopier les livres cherchent des méthodes pour gagner du temps. Selon une idée très répandue, le signe @ provient de la ligature (fusion de deux caractères consécutifs) du mot latin « ad » (« à » ou « vers » en français) où le « a » et le « d » ont fini par se confondre. Pour écrire « ad », les moines écrivent alors un « a » enroulé par le « d » pour gagner du temps. L’apparition du caractère @ daterait ainsi du VIe siècle.
L’arobase, abréviation de l’unité de poids arroba
N’en déplaise à votre oncle historien du dimanche qui vous raconte cette histoire, l’explication ne fait pas l’unanimité chez les spécialistes. Rappelez à votre oncle au passage que Gutenberg n’a pas, à proprement parler, inventé l’imprimerie. Mais ça, c’est une autre histoire.
Revenons à nos arobases. Ce que l’on sait avec certitude, c’est que le symbole @ existe bien depuis le Moyen Âge. L’un des plus anciens est trouvé dans une traduction bulgare d’une chronique grecque écrite par Constantin Manassès en 1345. Conservée aujourd’hui à la Bibliothèque apostolique du Vatican, elle présente le symbole @ à la place de la lettre capitale « Α » comme initiale dans le mot Amen. Cependant, la raison de son utilisation reste encore floue.
À LIRE AUSSI Phébé – Et si Internet se fragmentait…L’origine du signe @ la plus probable et la plus proche de son utilisation actuelle viendrait de l’histoire du commerce au sud de l’Europe, au début du XIe siècle. L’arobase est en effet depuis longtemps utilisée en catalan, en espagnol et en portugais comme abréviation d’arroba, une unité de poids équivalant à environ 11 kg. Le terme vient lui-même de l’arabe الربع (arroub), « le quart ». Le signe @ est souvent écrit sur les registres commerciaux et voyage donc un peu partout dans le monde. L’arobase se démocratise donc dans toute l’Europe, jusqu’aux États-Unis.
Ray Tomlinson choisit le @ pour éviter les confusions
Au XIXe siècle, chez les Américains, bien avant l’invention des mails, ce signe est compris par les commerçants comme signifiant « at », c’est-à-dire « à ». L’arobase est fréquemment utilisée dans les factures pour désigner le prix unitaire d’un produit. À l’époque, certains Américains écrivent par exemple « 1 kg de pommes de terre @ 5 dollars ». Le @ remplace le « à ». On trouve d’ailleurs quelques machines à écrire américaines, à la fin du XIXe siècle, qui prévoient ce signe. Mais pour l’essentiel, le @ est surtout manuscrit.
L’arobase viendrait donc du commerce. Cette dernière hypothèse est la plus probable, mais il existe encore des débats chez les historiens. Quoi qu’il en soit, une chose est sûre, Ray Tomlinson est l’homme qui a donné à l’arobase une portée internationale. Cet informaticien américain est considéré comme l’inventeur du courrier électronique.
À LIRE AUSSI Savez-vous (bien) rédiger un mail professionnel ?En 1971, Ray Tomlinson est confronté à un problème épineux : comment connecter les programmeurs d’ordinateurs entre eux ? L’adresse du courrier électronique doit contenir le nom de la personne, ainsi que le nom de l’ordinateur. Et le symbole séparant ces deux éléments d’adresse ne doit pas déjà être largement utilisé dans les programmes et les systèmes d’exploitation, au risque de provoquer des confusions.
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Les yeux de Tomlinson se sont donc posés sur le @. « Je cherchais surtout un symbole peu utilisé », explique-t-il au média américain Smithsonian. Avant d’ajouter simplement : « Il n’y avait pas beaucoup d’options : un point d’exclamation ou une virgule ? J’aurais pu utiliser un signe égal, mais ça n’aurait pas eu beaucoup de sens. »
D’ailleurs, faut-il dire arobase ou at ? Question épineuse, puisque l’emploi du terme « at » est plus logique, mais il s’agit d’un énième anglicisme apporté dans nos dictionnaires. Si vous n’arrivez pas à trancher, les Bulgares proposent une alternative amusante : « кльомба », c’est-à-dire tout simplement « la lettre mal écrite ».
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