Cyril Hanouna envisagerait très sérieusement de se présenter à l’élection présidentielle de 2027. Son entourage a contacté quelques rédactions cette semaine pour diffuser la nouvelle. L’animateur et producteur de l’émission Touche pas à mon poste (C8) aurait déjà commencé à réfléchir aux moyens de réunir les 500 parrainages d’élus requis, et il ébaucherait un programme.

Il envisagerait une candidature à l’image de son audience, résume un proche, à savoir « populaire », ciblant l’électorat qui avait alimenté le mouvement des Gilets jaunes. Il financerait sa campagne sur ses propres deniers.

À LIRE AUSSI Les véritables raisons de l’exclusion de C8 par l’ArcomDevis très approximatif, cinq millions d’euros pour figurer au premier tour, 20 millions pour espérer l’emporter au second. Multimillionnaire, Cyril Hanouna aurait les moyens.

Les grandes lignes de l’hanounisme…

Un des premières mesures fortes de l’hanounisme consisterait à remplacer le Sénat par une assemblée de citoyens tirés au sort, dit-on dans son entourage. Sur le plan économique, Cyril Hanouna serait favorable à payer les salariés en brut et non plus en net, charge à eux de cotiser aux assurances chômage ou santé qu’ils jugent nécessaires.

Sur le dossier brûlant de l’immigration, le Franco-Tunisien (né en 1974, il a gardé sa nationalité tunisienne) est pour l’exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF) mais pas hostile à la régularisation des étrangers en situation irrégulière qui travaillent et cotisent sur le territoire. Un coup à droite, un coup à gauche.

Le tout, bien entendu, ne constitue pas un programme. Appliquer les OQTF revient simplement à respecter la loi. Difficile d’être contre. Abolir le Sénat supposerait une révision de la Constitution, où les deux chambres réunies se prononcent à la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés. Autrement dit, il s’agirait de demander aux 348 sénateurs de voter massivement pour se supprimer eux-mêmes.

Étrange silence

Quant à la conversion des salaires du net vers le brut, séduisante pour les intéressés, elle mettrait sans doute en péril plusieurs pans de la Sécurité sociale.

Détail qui a son importance : contacté par le Point, Cyril Hanouna n’a pas souhaité s’exprimer, ce qui lui ressemble peu. Il va de soi, par ailleurs, qu’il ne manquerait pas de canaux pour annoncer ses intentions si elles étaient bien affirmées, à commencer par sa propre émission ou n’importe quel média du groupe Bolloré, dont il reste la star, même s’il est sur le départ.

Il a choisi de faire parler la concurrence. Le 9 et le 13 janvier 2025, déjà, le magazine Closer (groupe Reworld Media) avait fait état de ses ambitions présidentielles. Elles avaient été évoquées dès 2020 sur le ton de la blague. Cette fois, ce serait du sérieux.

Des précédents en France et à l’étranger

Par principe, son entrée en politique ne peut pas être exclue. Coluche avait dépassé les 10 % d’intentions de vote en 1981, avant de renoncer à sa candidature pour ne pas obérer les chances de François Mitterrand. En 2021, Hanouna a publié un livre d’entretiens avec Christophe Barbier, chroniqueur et éditorialiste politique, Ce que m’ont dit les Français. Il a recruté en septembre dans son émission le politologue Thomas Guénolé. Louis Boyard est devenu député LFI après avoir été chroniqueur à Touche pas à mon poste en 2021.

À l’étranger, le Mouvement 5 étoiles (M5S) a été lancé en 2009 par Giuseppe Grillo, dit Beppe Grillo, humoriste et acteur pas très éloigné dans l’esprit de la veine hanounesque. L’initiative qui l’a fait passer du statut de bouffon à celui de chef se nommait le « Vaffanculo Day ».

Toujours selon son entourage, Cyril Hanouna pourrait aussi s’inspirer du parcours incroyable de Volodymyr Zelensky. Après avoir incarné un professeur de lycée honnête devenu président de l’Ukraine dans une série diffusée en 2015, il a réellement gagné la présidentielle de 2019, à 41 ans. À ce compte, toutefois, le futur président de la République française se nommerait plutôt Kad Merad, alias Philippe Rickwaert dans la série Baron noir.

Il faudrait aussi tenir compte des personnalités médiatiques qui n’ont pas transformé l’essai, à l’image d’Éric Zemmour, candidat à la présidentielle de 2022, un peu hâtivement présenté comme le fossoyeur du RN, éliminé au premier tour avec 7 % des scrutins. La popularité ne se convertit pas automatiquement en bulletins de vote.

Un agenda, mais lequel ?

La spontanéité et l’impressionnante capacité d’improvisation de Cyril Hanouna, capable de tenir des heures en direct, ne résument pas le personnage. Âgé de 50 ans, chef d’entreprise avisé, il est aussi très méthodique.

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Ces fuites sur ses ambitions en politique s’inscrivent sans doute dans un agenda. Reste à savoir lequel. La chaîne C8, qui diffuse Touche pas à mon poste, cessera d’émettre le 28 février, à la suite d’une décision de l’Arcom. Cyril Hanouna cherche un point de chute. Il tente peut-être de faire monter sa cote, alors qu’il se trouve en négociation pour rejoindre le groupe M6.

La prochaine présidentielle est prévue au premier semestre 2027. Les candidats ont environ une quinzaine de mois devant eux pour rassembler les 500 parrainages requis. Comme dirait Cyril Hanouna, « bonne chance, mes chéris ».